VICTIME LAA ET RC

Accident de la route, 30 octobre 2012

Je suis une femme aujourd’hui âgée de 44 ans.

Il y a un peu plus de quatre ans, alors que je regagnais le dépôt après ma journée de travail au volant d’une camionnette, j’ai été victime d’un accident de la route:  un jeune homme a grillé un feu rouge et quand bien même il a freiné sur 22 mètres, le choc a projeté mon véhicule à 10 mètres du lieu de la collision. Je note au passage que, lorsque je l’ai croisé plus tard à l’hôpital, le chauffard, âgé d’à peine 19 ans, accompagné d’un couple – vraisemblablement ses parents – n’a pas eu la décence de m’adresser la parole.

Je ressentais des douleurs dans tout le côté gauche provoquées par ce coup du lapin, je souffrais de troubles de la vue, de nausées, etc. Après plusieurs radios, l’hôpital m’a autorisée à rentrer à la maison, mais comme à cette époque une incapacité de travail à 50% m’avait été signifiée à la suite d’une agression subie en 2011 et qu’une visite chez mon médecin traitant était prévue le lendemain, le médecin de garde a décidé de lui laisser le soin de me délivrer un certificat d’arrêt de travail.

Le lendemain,  je me suis sentie encore plus mal, souffrant de violentes douleurs, d’un blocage au niveau du bassin et de nombreux hématomes; ma motricité était entravée par des douleurs intenses et persistantes au niveau du sacrum et du coccyx. Comme les jours passaient et que mon état de santé ne s’améliorait guère, mon médecin m’a envoyée faire un scanner pour examiner mon bassin, lequel a révélé que mon coccyx était tordu à 90%, cause évidente de mes douleurs. Il sied de constater que le rapport du service de radiologie précisait que ma condition était probablement due à l’accident dont j’avais été la victime.

Trois jours après l’accident, la police m’a contactée tard dans la soirée pour m’informer que, faute de témoins, son rapport établirait que la responsabilité de l’accident était partagée à 50/50 entre les deux parties. J’ai évidemment contesté cette décision inique dès la réception du rapport de police par le biais de ma représentation juridique.

Par la suite, je me suis rendue au Ministère public pour y examiner les photos de mon accident en présence de mon avocate. Nous avons constaté que le croquis de l’accident retenu par la police était complètement erroné: alors que le choc avait eu lieu à l’arrière gauche du véhicule, le croquis le situait à l’avant gauche (au niveau de la portière du conducteur).  Nous basant sur les constatations des experts d’Iveco (le garage qui a pris en charge les réparations du véhicule), nous avons protesté auprès du Ministère public pour qu’il rétablisse la vérité. Celui-ci a toutefois exigé une contre-expertise émanant d’une institution neutre, dont le coût serait à notre charge.

Le centre d’experts de Berne que nous avons mandaté a rendu ses conclusions en nous donnant raison: le croquis était bien erroné, la partie adverse était responsable à 100% de l’accident; son rapport précisait en outre que le chauffard roulait entre 79 et 85 km/h et non pas à 60 km/h comme il le prétendait.

4 mois après les faits, l’assurance accident s’est déchargée de mon dossier pour le transférer à l’assurance maladie sans jamais m’avoir vue. J’ai bien tenté de m’opposer à cette décision, mais l’assurance a allégué que je n’avais pas de preuve que mes problèmes de santé étaient les séquelles de mon accident routier.

Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai plus d’emploi et corrélativement plus de salaire, ni d’allocation de perte de gain depuis le 15 mars 2013. J’ai adressé une demande de réadaptation d’emploi à l’AI, laquelle a été refusée au prétexte que je serais – selon eux – valide à 100 %. Quand bien même un détour par le tribunal m’a encore donné raison, l’AI a refusé d’entrer en matière tant que le jugement relatif à mon accident n’aurait pas été prononcé.

En mars 2016, le verdict est tombé: la partie adverse a été reconnue fautive à 100%, mais n’a pas été condamnée pour lésions corporelles.

L’AI m’a soumise à 3 expertises en octobre 2016, mais je n’ai à ce jour, toujours pas de nouvelles.

Nous avons deux enfants, je dépends totalement de mon mari, j’ai tout perdu et depuis l’accident, ma santé ne cesse de se dégrader.

N. F.